janvier 2021
Ce document est destiné aux mycologues désirant identifier rapidement les espèces du genre Exidia présentes dans le sud-ouest de la France. Il est constitué d’une clé de détermination pratique des espèces mettant en avant les caractères macroscopiques et l’écologie pour une identification plus facile sur le terrain. Les dimensions des spores sont toutefois indiquées dans certains cas pour lever tout doute.
Cette clé est suivie d’un chapitre consacré à quelques espèces de champignons macroscopiquement proches des exidies pouvant être source de confusion.
Du point de vue de la classification, le genre Exidia fait partie des Phragmobasidiomycetes dont les basides semblent scindées en plusieurs parties (phragmo=cloisonné), de l'ordre des Auriculariales et de la famille des Exidiaceae. Représenté par une douzaine d’espèces en France ce genre présentent des basidiomes de diverses couleurs, de consistance plus ou moins molle et gélatineuse, de translucide à presque opaque. Les exidies sont saprophytes et apparaissent sur diverses essences de bois, feuillus ou conifères.
Les exidies ont une excellente résistance à la déshydratation. Dans leur plein développement, elles sont gorgées d'eau mais peuvent la perdre jusqu'à se réduire à une simple pellicule ou à un bouton à peine perceptible. Au retour de la pluie les basidiomes se regonflent et reprennent leur apparence d'origine. Souvent hivernales, les exidies ont une excellente résistance au froid. Lorsque la température devient négative la chair des exidies ne gèle pas, elle libère son eau petit à petit qui se transforme en glace superficielle.
1 – CLE DES EXIDIA :
Remarque :
La détermination d’une exidie doit se faire lorsqu’elle est encore fraîche, gonflée par l’humidité.
Dans le cas contraire, et si elle n'est pas trop âgée ou abîmée, il est possible de la « regonfler » par pulvérisation d'eau ou par trempage.
En cas de doute, une vérification microscopique sera nécessaire.
1a - Basidiomes en forme de boutons tronconiques peu confluents. Marge souvent bien marquée sur les exemplaires matures et délimitant deux sortes de surface, granuleuse à finement furfuracée côté point d'attache et lisse et brillante côté externe. ► 2
1b - Formes différentes ► 4
2a - Sur conifère.
Basidiomes jusqu'à 2.5 cm de diamètre, de couleur brun jaunâtre à brun sombre. Principalement sur Abies alba. Espèce assez rare.
► Exidia umbrinella Bresadola (1900)
Exidia umbrinella sur Abies alba vue de dessus et de dessous
2b - Sur feuillus ► 3
3a - Présence de verrues sur la surface extérieure.
Basidiomes jusqu'à 5 cm de diamètre, brun translucide au début puis rapidement noirâtres. Espèce très commune principalement sur Quercus et Corylus.
3b - Pas de verrues.
Basidiomes jusqu'à 3,5 cm de diamètre, orangé brunâtre à bruns assez mous et finissant par pendre du support par vétusté. Surface côté point d'attache très finement furfuracée, bien lisse et sans verrues à l'opposé. Espèce peu fréquente sur nombreux feuillus mais principalement sur Salix et Prunus avium (merisier).
► Exidia recisa(Ditmar) Fries
Exidia recisa sur salix
Exidia truncata (en haut) et Exidia recisa(en bas)
4a - Couleur noirâtre ► 5
4b - Couleur différente ► 6
5a - Présence de verrues éparses sur la surface extérieure (quelquefois seulement visibles à la loupe).
Jeunes basidiomes isolés subsphériques à pulvinés confluents en une masse glanduleuse. Couleur noirâtre (brun translucide à presque incolore à l'abri de la lumière). Espèce très courante sur de nombreuses essences de feuillus plus rarement sur conifères (sur Picea abies principalement).
► Exidia nigricans (With) P.Roberts 2009 [nommée à tord Exidia glandulosa (Bull.) Fries ]
5b - Sans verrues sur la surface extérieure
Basidiomes discoïdes confluant en une masse étalée peu épaisse (moins de 4 mm d'épaisseur). Surface un peu rugueuse et quelquefois très pruineuse sur le frais. Uniquement sur conifère.
► Exidia Pytia Fries
Exidia Pytia sur Abies alba.
Exidia Pytia le même exemplaire mais sec.
6a - Basidiomes blanchâtres même à maturité.
Basidiomes pulvinés confluant en une masse étalée blanc opalescent avec seulement des nuances bleutées, roses ou ocre pâle. Spore 15-20 x 5,5-7. Espèce courante, présente sur de nombreux feuillus mais observée principalement sur Fagus et Fraxinus.
► Exidia thuretiana (Lév.) Fries
6b - Basidiomes matures orangés à brunâtres ► 7
7a - Sur conifères
Fructifications irrégulièrement sphériques puis cérébriformes à plissées pouvant se réunir en petites masses. Couleur brun roux, ambré, datte clair. Espèce peu fréquente poussant exclusivement sur conifère (nos récoltes sont uniquement sur Pinus).
► Exidia sacharina Fries
Exidia saccharina sur Pinus strobus
Exidia saccharina sur Pinus sylvestris
7b - Sur feuillus ► 8
8a - Basidiomes confluant en une masse gélatineuse à cartilagineuse typiquement blanchâtre à jaunâtre sur l'extérieur (basidiomes jeunes) et orangés, brun rougeâtre à brun olivâtre vers le centre (basidiomes plus matures).
Spore 10-14 x 3-4,5. Espèce rare apparaissant sur feuillus, principalement sur Betula
► Exidia cartilaginea S.Lundell & Neuhoff
Exidia cartilaginea
8b - Basidiomes en pustules cérébriformes puis plissés ne confluant que très peu. Consistance tenace, couleur brun clair, orangée, ambre à brun foncé quelquefois presque incolore ou à peine laiteux. Spore 12-14 x 2,5-3,5. Principalement sur Betula, très rare.
► Exidia repanda Fries
Exidia repanda
Voir également ces quelques autres espèces beaucoup plus rares et que nous n'avons jamais récoltées dans le sud-ouest:
Exidia badioumbrina (Bres) Killerm
Exidia brunneola P. Karsten
Exidia fulva Bres. & Torrend
Parmi les espèces qui ressemblent aux Exidia, beaucoup sont proches phylogénétiquement comme les trémelles, mais on en trouve aussi quelques unes dans des groupes très éloignés comme dans la classe des Ascomycètes.
2a- BASIDIOMYCETES :
Les trémelles sont de proches cousines des exidies et leur ressemblent beaucoup morphologiquement, des méprises sont donc possibles. Voici celles qui pourraient principalement prêter à confusion.
Groupe de Phaeotremella foliacea
Il s'agit de trois trémelles très ressemblantes qui étaient autrefois regroupées sous le nom de Tremella foliacea. Maintenant on distingue trois espèces (Phaeotremella foliacea; Ph. fimbriata et Ph. frondosa) en fonction principalement de leur hôte puisque les trémelles sont parasites.
Elles présentent des basidiomes formés de lobes foliacés et fasciculés et formant une masse pouvant atteindre 15 cm de diamètre. Coloration orangée, brun jaunâtre à brun rougeâtre, brun sombre à noirâtre rarement blanchâtre.
Phaeotremella frondosa (parasitant ici S. ochraceoflavum)
Tremella encephala
On trouve cette trémelle sur le bois de conifère en compagnie de Sterem sanguinolentum qu’elle parasite. Elle forme des masses subglobuleuses, un peu cérébriformes blanchâtres avec des nuances rosées ou orangées légèrement translucide. A la coupe on découvre un noyau blanchâtre relié au point d’attache (qui serait des hyphes du Stereum parasité).
Tremella encephala parasitant S. sanguinolentum (en bas).
Tremella encephala avec coupe montrant le noyau blanchâtre
Tremella Moriformis
Sur le terrain, cette rare trémelle peut être vraiment prise pour une exidie, principalement E. nigricans et doit passer souvent inaperçue à cause de cela. Le meilleur moyen de ne pas se tromper est de regarder la coloration de la chair par transparence, la trémelle révèle une couleur violette à grenat absentes chez les exidies.
Tremella moriformis
Tremella indecorata
T. indecorata est blanchâtre à laiteuse ou légèrement brunâtre. Elle peut être surtout confondue avec E. thuretiana. Comme la précédente, il s'agit d'une trémelle rare. Toutes deux poussent sur des Pyrénomycètes mais cette particularité n'est pas toujours bien visible.
Beaucoup d’espèces parmi les Phragmobasidiomycetes ont un aspect gélatineux, comme dans les genres Dacrymyces, Ditiola et Femsjonia, mais leur tailles et couleurs ne font que rarement penser aux Exidia.
Genre Myxarium
Les espèces du genre Myxarium ont une apparence proche des Exidia. Les confusions sont possibles surtout avec Myxarium nucleatum (Schw. : Fr.) Wallroth, qui est d'ailleurs considéré comme une vraie exidie par certains auteurs. Ils la nomment alors Exidia nucleata (Schw. :Fr.) Burt.
Cette espèce présente des basidiomes incolores à laiteux pouvant faire penser à Exidia thuretiana principalement. La présence fréquente des noyaux blancs d'oxalate de calcium peut lever le doute.
Craterocolla cerasi (Schumach.) Bref.
Cette rare espèce pousse sur vieux cerisiers. Son aspect gélatineux, mou, en masse cérébriforme à mésentérique ou en boutons bien individualisés peut faire penser à une exidie.
Parmi les Ascomycètes, peu d’espèces peuvent avoir l’aspect gélatineux et mou des exidies. Certaines ont des couleurs tirant vers le violet comme les Ascocoryne et donc sont facilement écartées. Voici 3 espèces qui pourraient prêter à confusion.
Bien entendu, un examen microscopique écartera rapidement ces espèces du genre Exidia !...
Ascotremella faginea (Peck) Seaver
Les ascomes de cette espèce forment des masses cérébriformes gélatineuses brun rosé ou violacées à brun foncé. Elle pousse sur hêtre.
Ascotremella faginea (Peck) Seaver
Neobulgaria pura (Pers. : Fr.) Petrak
Les boutons tronqués ou creusés au début de cette espèce, s’étalent par la suite pour former des disques souvent en groupes serrés. La couleur peut varier du blanc laiteux au rose, beige à brun rosé, la consistance est gélatineuse.
Bulgaria inquinans (Pers. : Fr.) Fr.
Cette espèce forme des boutons tronconiques gélatineux et assez coriaces noirs à brun noir. Le nom commun de cette espèce est la bulgarie salissante, car elle noircie le doigt lorsqu’on le passe sur sa surface. C'est un moyen de la reconnaître rapidement sur le terrain.