EXIDIA & ressemblants (en cours de modification)
janvier 2024
Ce document est destiné aux mycologues désirant identifier rapidement les espèces du genre Exidia présentes en Europe. Il est constitué d’une clé de détermination pratique des espèces mettant en avant les caractères macroscopiques et l’écologie pour une identification plus facile sur le terrain. Une observation microscopique ne sera nécessaire que dans de rares cas, ou quelques fois pour confirmer une identification macro.
Cette clé est suivie d’un chapitre consacré à quelques espèces de champignons macroscopiquement proches des exidies pouvant être source de confusion.
Le genre Exidia fait partie de l'ordre des Auriculariales et de la famille des Exidiaceae. Représenté par une douzaine d’espèces en France ce genre présentent des basidiomes de diverses couleurs, de consistance plus ou moins molle et gélatineuse, de translucide à presque opaque. Les exidies sont saprophytes et apparaissent sur diverses essences de bois, feuillus ou conifères.
PS: Les exidies ont une excellente résistance à la déshydratation. Dans leur plein développement, elles sont gorgées d'eau mais peuvent la perdre jusqu'à se réduire à une simple pellicule ou à un bouton à peine perceptible. Au retour de la pluie les basidiomes se regonflent et reprennent leur apparence d'origine. Souvent hivernales, les exidies ont une excellente résistance au froid et même au gel.
1 – CLE DES EXIDIA :
Remarques :
La détermination d’une exidie doit se faire lorsqu’elle est encore fraîche, gonflée par l’humidité.
Dans le cas contraire, et si elle n'est pas trop âgée ou abîmée, il est possible de la « regonfler » par pulvérisation d'eau ou par trempage.
Sauf mention différente, les photos sont de Robert Cazenave.
Les espèces marquées d’une étoile (*) sont rares et à rechercher sur le territoire national.
1a - Basidiomes présentant deux types de surfaces visibles, l’une (côté point d’attache), finement granuleuse, papillée ou veinée, l’autre (surface hyménophorale), lisse et brillante. Elles sont généralement délimitées par une marge assez nette et aiguë. Basidiomes peu ou pas coalescents et souvent de forme tronconique à discoïde ► 2
1b - Basidiomes ne présentant qu’une seule surface visible (surface hyménophorale), la face inférieure étant réduite ou adhérente au substrat. Basidiomes souvent coalescents ► 4
2a - Sur conifères. Basidiomes jusqu’à 3,5 cm de diamètre, brun jaunâtre à brun sombre. Principalement sur Abies alba. Espèce assez rare.
► Exidia umbrinella
Exidia umbrinella sur Abies alba vue de dessus et de dessous
2b - Sur feuillus ► 3
3a - Présence de spinules sur la surface extérieure. Basidiomes jusqu’à 5 cm de diamètre, noirâtres à brun translucide. Espèce très commune, principalement sur Quercus et Corylus.

3b - Pas de spinules. Basidiomes plus petits jusqu’à 3,5 cm de diamètre, orangé brunâtre à brun sombre, quelquefois jaunâtres et translucides, assez mous et finissant par pendre du support par vétusté. Surface côté point d’attache très finement furfuracée, bien lisse, surface hyménophorale sans verrues. Espèce peu fréquente, sur nombreux feuillus mais principalement sur Salix et Prunus avium (merisier).
► Exidia recisa
Exidia recisa sur Salix
Exidia truncata (en haut) et Exidia recisa(en bas)
4a - Couleur sombre, brunâtre à noirâtre. ► 5
4b - Couleur différente. ► 9
5a - Présence de spinules régulièrement réparties sur la surface hyménophorale. Couleur d’abord grisâtre, puis vite noirâtre à nuances de brun sombre, voire brun translucide lorsque le basidiome a poussé à l’abri de la lumière. À maturité, basidiomes formant une masse mésentérique à glanduleuse par confluence. Espèce très courante sur de nombreux feuillus, plus rarement sur conifères (sur Picea abies principalement).
► Exidia nigricans (souvent nommée à tord Exidia glandulosa)
5b - Sans spinules sur la surface extérieure, ou éventuellement quelques verrues grossières et irrégulièrement réparties ► 6
6a. Sur conifères. Basidiomes discoïdes confluant en une masse étalée peu épaisse (moins de 4 mm d’épaisseur). Surface sans verrues, un peu rugueuse et quelquefois très pruineuse sur le frais, ayant tendance à se plisser radialement.
► Exidia Pithya
Exidia pithya sur Abies alba.
Exidia pithya sec (sur Abies alba)
6b. Sur feuillus ► 7
Basidiomes pulvinés confluant en une masse étalée blanc opalescent avec seulement des nuances bleutées, roses ou ocre pâle. Spore 15-20 x 5,5-7. Espèce courante, présente sur de nombreux feuillus mais observée principalement sur Fagus et Fraxinus.
7a. Largeur de la majorité des spores < 4 μm. Surface fertile lisse sans verrues ni spinules. Basidiomes discoïdes puis pulvinés souvent distants ( peu confluents), tout d’abord lisses puis plissés, noirs à brun ambré et marge noirâtre (certains basiodiomes peuvent présenter des couleurs plus claire, blanchâtres et plus opaques).
Uniquement récolté sur branches terminales de Populus tremula.
► Exidia inflata R. Cazenave et G. Gruhn (espèce nouvelle)
Exidia inflata (sur Populus tremula)
Exidia inflata présentant quelques basidiomes plus clairs et plus opaques
7b. Spores majoritairement de largeur > 4 μm. ► 8
8a. Largeur de la majorité des spores < 5 μm. Voir exemplaires de jeunes basidiomes d’E. nigricans dont les spinules ne sont pas encore apparues. ► 5a
8b. Largeur de la majorité des spores > 5 μm. Surface fertile sans verrues spinuleuses, mais pouvant présenter de rares verrues grossières irréguliè rement réparties. Basidiomes d’abord sphéroïdaux, puis vite difformes, plissés, confluant souvent pour constituer des masses d’aspect plus ou moins glanduleux de plus d’un décimètre de long. Espèce uniquement récoltée sur Quercus.
► Exidia inornata R. Cazenave et G. Gruhn (espèce nouvelle)
Exidia inornata sur Quercus
Exidia inornata basidiomes présentant des verrues mais irrégulières et non spinuleuses.
9a. Couleur uniformément orangée à brunâtre au moins sur les basidiomes matures ► 10
9b. Basidiomes principalemen t blanchâtres à jaunâtres ou avec une partie supérieure brun clair dont la couleur s’estompe à maturité ► 12
10a. Sur feuillus. Basidiomes en pustules, pulvinés, vite plissés à cérébriformes. Consistance ferme, de couleur brune très claire au début puis orangée, ambre à brun foncé. Sur feuillus, principalement Betula, espèce assez rare. . . . . . .
► Exidia repanda
Exidia repanda sur Betula sp
10b. Sur conifères. Basidiomes brunâtres à surface légèrement papillée. ► 11
11a. Q < 3,2. Basidiomes orangés, fauves, brun rougeâtre, isolés ou peu coalescents. Sur conifères (Pinus, Picea, Larix, …)
► Exidia sacharina
Exidia saccharina sur Pinus sylvestris
11b - Q > 3,2. Basidiomes brun fauvâtre à brun vineux, formant souvent des masses coalescentes (récolté sur Pinus sylvestris)
► Exidia subsacharina
Exidia subsaccharina (photo B. Rivoire)
12a - Largeur de spores > 5 μm. Basidiomes pulvinés, confluant en une masse étalée blanc opalescent, avec souvent des nuances bleutées, rosées ou ocre très pâ le. Espèce présente sur divers feuillus ( Fagus sylvatica, Fraxinus exelsior, Quercus, Hedera helix, etc.), courante dans toute l’Europe.
► Exidia thuretiana

ARTICLE EN COURS DE MODIFICATION
13a - Basidiomes facilemen t coupés avec une lame de rasoir, présentant de nombreuses inclusions minérales. Couleur générale assez uniforme, blanchâtre à ocre clair. Sur feuillus (Quercus, Tilia, etc.)
► Exidia candida*
13b - Basidiomes difficilement tranchés avec une lame de rasoir, où les inclusions minérales sont rares et souvent absentes. Bicolores, généralement jaunâtres, brunâtres sur le sommet, surtout sur les jeun es exemplaires, s’éclaircissant vers la marge qui peut devenir blanchâtre. Sur feuillus (surtout sur Betula)
► Exidia candida var. cartilaginea *
Parmi les espèces qui ressemblent aux Exidia, beaucoup sont proches phylogénétiquement comme les trémelles, mais on en trouve aussi quelques unes dans des groupes très éloignés comme dans la classe des Ascomycètes.
2a- BASIDIOMYCETES :
Les trémelles sont de proches cousines des exidies et leur ressemblent beaucoup morphologiquement, des méprises sont donc possibles. Voici celles qui pourraient principalement prêter à confusion.
Groupe de Phaeotremella foliacea
Il s'agit de trois trémelles très ressemblantes qui étaient autrefois regroupées sous le nom de Tremella foliacea. Maintenant on distingue trois espèces (Phaeotremella foliacea; Ph. fimbriata et Ph. frondosa) en fonction principalement de leur hôte puisque les trémelles sont parasites.
Elles présentent des basidiomes formés de lobes foliacés et fasciculés et formant une masse pouvant atteindre 15 cm de diamètre. Coloration orangée, brun jaunâtre à brun rougeâtre, brun sombre à noirâtre rarement blanchâtre.
Phaeotremella frondosa (parasitant ici S. ochraceoflavum)
Tremella encephala
On trouve cette trémelle sur le bois de conifère en compagnie de Sterem sanguinolentum qu’elle parasite. Elle forme des masses subglobuleuses, un peu cérébriformes blanchâtres avec des nuances rosées ou orangées légèrement translucide. A la coupe on découvre un noyau blanchâtre relié au point d’attache (qui serait des hyphes du Stereum parasité).
Tremella encephala parasitant S. sanguinolentum (en bas).
Tremella encephala avec coupe montrant le noyau blanchâtre
Tremella Moriformis
Sur le terrain, cette rare trémelle peut être vraiment prise pour une exidie, principalement E. nigricans et doit passer souvent inaperçue à cause de cela. Le meilleur moyen de ne pas se tromper est de regarder la coloration de la chair par transparence, la trémelle révèle une couleur violette à grenat absentes chez les exidies.
Tremella moriformis
Tremella indecorata
T. indecorata est blanchâtre à laiteuse ou légèrement brunâtre. Elle peut être surtout confondue avec E. thuretiana. Comme la précédente, il s'agit d'une trémelle rare. Toutes deux poussent sur des Pyrénomycètes mais cette particularité n'est pas toujours bien visible.
Beaucoup d’espèces parmi les Phragmobasidiomycetes ont un aspect gélatineux, comme dans les genres Dacrymyces, Ditiola et Femsjonia, mais leur tailles et couleurs ne font que rarement penser aux Exidia.
Genre Myxarium
Les espèces du genre Myxarium ont une apparence proche des Exidia. Les confusions sont possibles surtout avec Myxarium nucleatum (Schw. : Fr.) Wallroth, qui est d'ailleurs considéré comme une vraie exidie par certains auteurs. Ils la nomment alors Exidia nucleata (Schw. :Fr.) Burt.
Cette espèce présente des basidiomes incolores à laiteux pouvant faire penser à Exidia thuretiana principalement. La présence fréquente des noyaux blancs d'oxalate de calcium peut lever le doute.

Craterocolla cerasi (Schumach.) Bref.
Cette rare espèce pousse sur vieux cerisiers. Son aspect gélatineux, mou, en masse cérébriforme à mésentérique ou en boutons bien individualisés peut faire penser à une exidie.
Parmi les Ascomycètes, peu d’espèces peuvent avoir l’aspect gélatineux et mou des exidies. Certaines ont des couleurs tirant vers le violet comme les Ascocoryne et donc sont facilement écartées. Voici 3 espèces qui pourraient prêter à confusion.
Bien entendu, un examen microscopique écartera rapidement ces espèces du genre Exidia !...
Ascotremella faginea (Peck) Seaver
Les ascomes de cette espèce forment des masses cérébriformes gélatineuses brun rosé ou violacées à brun foncé. Elle pousse sur hêtre.
Ascotremella faginea (Peck) Seaver
Neobulgaria pura (Pers. : Fr.) Petrak
Les boutons tronqués ou creusés au début de cette espèce, s’étalent par la suite pour former des disques souvent en groupes serrés. La couleur peut varier du blanc laiteux au rose, beige à brun rosé, la consistance est gélatineuse.

Bulgaria inquinans (Pers. : Fr.) Fr.
Cette espèce forme des boutons tronconiques gélatineux et assez coriaces noirs à brun noir. Le nom commun de cette espèce est la bulgarie salissante, car elle noircie le doigt lorsqu’on le passe sur sa surface. C'est un moyen de la reconnaître rapidement sur le terrain.